JOUR 2 > RIO DE JANEIRO : BOTAFOGO, DEODORO
- Eric Poulhe
- 9 août 2016
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 avr. 2020
Ce matin au réveil, depuis la fenêtre de ma chambre, je peux voir le Corcovado partiellement dégagé avec les nuages qui viennent lécher le Christ Rédempteur. La journée s’annonce plutôt bien.

Le petit-déjeuner à la Guest House est très copieux. Gâteaux, pain baguette, jambon fromage et fruits exotiques, tout ça fait maison avec le sourire de trois brésiliennes en cuisine.
Je décide de rejoindre Botafogo à pied. J’aime bien découvrir une ville à pied. Ça permet de prendre le temps de regarder, discuter avec les gens, découvrir des lieux incroyables ou tomber sur des situations insolites comme ce bus épicerie ambulant garé dans une rue de traverse du Parque Large. J’y prendrai mon ravitaillement de midi : pomme, raisin, bananes.


Dans Botafogo, mon objectif est de trouver un adaptateur secteur pour se connecter sur mon chargeur de batterie ordinateur. Après plusieurs magasins croisés en chemin me renvoyant d’adresse en adresse, je tomberai par hasard juste à côté du métro Botafogo sur une échoppe de 3 m² tenue par une Brésilienne enjouée, vendant tous types d’adaptateurs pour téléphone ou tablette. Le Graal !

Il est 10h30 et je prends le métro lihna 1 pour Central – dire chantrao sinon personne ne comprend -direction le parc olympique de Deodoro. A Central, obligé de sortir du métro pour rentrer dans la gare. Beaucoup de monde, donc faire attention au sac placé devant soi.
Le trajet traverse des quartiers plus défavorisés avec sur la droite des favelas en pagaille. Les Brésiliens ont mis le paquet sur la sécurité dans le train avec des patrouilles permanentes de bénévoles, de militaires armés pour de vrai et de policiers.
Je descends à la station Deodoro mais mauvaise surprise ce n’est pas la bonne, il fallait pousser une station plus loin à Magalhaes. Passé le portillon libre, pour 2 mètres je suis obligé de payer un billet. C’est un petit peu rageant, mais pour 3,70 R$, je vais survivre…
À l’arrivée, aucune navette. Il faut faire le trajet à pied depuis la gare jusqu’à l’entrée du Parc Olympique. Après une ligne droite de près de 1,5 kms en plein soleil, on voit les portiques de sécurité et on pense être arrivé. Et bien non il faut encore enfin marcher 2 kms sur le site pour arriver au bassin de slalom. Contrairement aux autres éditions, les Brésiliens ne sont pas les plus performants au niveau indications mais ils sont toujours souriants. Incroyable, à ¾ d’heure du début des courses, il n’y a pas un chat et on pourrait se croire perdu si ce n’est que j’ai fait la fin de parcours avec un compagnon supporter allemand tout aussi surpris que moi de l’organisation, disons détendue, et du peu de monde.
Enfin l’arrivée au bassin visible du chemin, et toujours aucun contrôle de billet, ce qui veut dire qu’un visiteur muni d’un billet pour n’importe quelle épreuve peut venir voir une bonne partie du parcours de slalom. Cools les Brésiliens ! Le seul contrôle de billet se trouve à l’accès à la tribune, sachant qu’on fait un peu ce qu’on veut. Vu la différence du prix des billets entre les zones c’est un peu rageant mais finalement c’est aussi bien car ça permet le groupement des supporters par nation. Comme pour les autres éditions olympiques, la plus grosse délégation est française avec plus d’une centaine de participants, suivi des Slovaques moins nombreux mais toujours aussi bruyants avec comme meneur de revue l’ancien champion olympique Martikan. Un peu d’allemands et des Japonais complètement débridés criant et vociférant avec des crécelles empruntées aux Slovènes. Ambiance comme toujours conviviale et festive entre nations, et tout le monde sera heureux de la médaille de bronze historique du Japonais Haneda.


La course pour notre représentant français Denis Gargaut-Chanut se passe comme dans un rêve. Une demi-finale idéale avec une seconde place, propre avec la marge de sécurité qu’il se doit. La finale parfaite ! Au départ dans les starts Denis était complètement relâché peut-être un peu trop . Les deux premières vagues le secoueront un peu le ramenant vite dans son programme de course. Un première partie faite de glisse et de relâchement. Une montée en puissance à partir de la 16, avec un gros effort dans la 17 pour un enchaînement 10 20 21 exceptionnel. La fin de la course sera sur le même registre pour accéder au titre olympique.
L’histoire est belle, Denis succédant à Tony Estanguet qui lui remettra la médaille. Avec la seconde place décernée au Slovaque Benus, le duel entre les deux meilleures nations du slalom perdure.




Dans les tribunes, la colonie ne boude pas son plaisir et fêtera la médaille à la buvette en faisant la fermeture du stade, poussée à la sortie par les Brésiliens sur un air de Samba.
Retour vers Rio et le club France pour la célébration du titre, accueilli par un Denis Massiglia, président du CNOSF, qui a retrouvé son sourire méditerranéen pour cette journée très prolifique avec cinq médailles. Le club France, enfin accessible à un large public, est comble avec évidemment beaucoup de Français, mais également des Brésiliens venus profiter des animations avec un coût d’entrée de 5 € très modéré. La Tribu Kayak est bien là, réunie. Présente d’olympiade en olympiade depuis Sydney, sa constance et son esprit en fait l’admiration de tous les autres présidents de fédération et des officiels ou partenaires présents.

Que la fête se prolonge, avec place demain aux kayaks hommes et une nouvelle chance de médaille !







Kommentare