JOUR 11 > RIO DE JANEIRO : VIDIGAL
- Eric Poulhe
- 18 août 2016
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 avr. 2020
Le ciel est couvert ce matin et se dégagera en milieu de matinée. Le temps est maussade comme mon moral d’ailleurs. Une bouteille d’eau, certainement mal bouchée, s’est en partie déversée dans mon sac la veille dans le bus me conduisant à Copacabana. Ce matin, mon appareil photo numérique ne veut toujours pas redémarrer. Je crains le pire à son sujet et devrai me contenter de prendre des photos avec mon téléphone.
Les Brésiliens sont venus en nombre sur le bassin et sur la route derrière le grillage afin de supporter leur compatriote Isaquias Queiroz qui accrochera la médaille de bronze en jetant son bateau sur la ligne. Comme l’Ukrainien Yuriy Cheban qui gagne le titre, incapables de tenir l’équilibre, ils finiront tous les deux à l’eau juste après la ligne. Par son exploit sur l’eau et dans l’eau, Isaquias Queiroz entre dans l’histoire olympique du Brésil ! En ce qui nous concerne, toujours pas de médaille. Thomas Simard, malgré un bon départ finit à la 8ème et dernière place de la finale.

Ce sera également une déception avec le K2 de Jouve et Beaumont qui termine à la 7ème place sans avoir jamais vraiment lutté avec la tête de course. Pas de regret donc sur cette course, mais certainement de la frustration pour l’équipage au regard de cette performance qui ne reflète pas les bons résultats réguliers sur la saison.
Ce n’était pas vraiment prévu, mais au bénéfice d’un désistement, on me propose de me joindre au groupe des Lyonnais qui a prévu de visiter la favela pacifiée de Vidigal avec un guide français dont le nom a été recommandé par la Fédération d’Aviron. Evidemment, je m’empresse d’accepter !
Le guide nous récupère à la sortie du bassin de Lagoa et nous emmène au pied de la favela.
La montée vers les dernières maisons de la favela se fait en combi Volkswagen. De là nous grimperons à pied au sommet du Morro Dois Irmaos qui domine d’un côté la zone sud de Rio de Janeiro, et de l’autre côté la ville de Sao Conrado. La montée est assez facile, ombragée au début, puis totalement dégagée sur la fin.











En contrebas, les immeubles de grande hauteur de Sao Conrado contrastent avec les constructions de fortune de la favela de Rocinha qui est, plus ou moins, en cours de pacification.



Quand le tunnel Zuzu Angel, reliant Sao Conrado à Rio, est totalement congestionné, il faut emprunter la voie qui traverse la favela de Rocinha avec de nombreux virages étroits. C’est ce que nous ferons pour retourner à Rio en passant par Gavea. Sur cette route très fréquentée, on peut très souvent rester coincé de longues minutes quand un bus rencontre un camion au détour d’un virage et qu’ils ne peuvent se croiser. Bordée de nombreuses échoppes, bars ou lieux de restauration, la rue très animée fourmille. On croise de nombreuses motos taxi qui montent et descendent à vive allure transportant les habitants depuis le bas vers le haut de favela. Tout le monde utilise ce moyen de transport et nous pouvons croiser une moto avec son chauffeur, une femme tenant un cabas à chaque main, et son fils de 3 ans bien calé entre les deux adultes. Toutefois, contrairement aux pays méditerranéens, tous les conducteurs ou passagers motards portent des casques. Par sécurité, il est fortement conseillé de ne pas quitter la voie principale et s’engager dans les ruelles adjacentes. En effet, leur étroitesse ne permet pas le passage d’un véhicule, mais surtout on a le risque de tomber sur des trafiquants de drogue, encore présents dans la favela, qui n’aiment pas vraiment la présence d’un étranger au quartier.
Avant la montée finale vers le sommet du Morro Dois Irmaos on surplombe la favela de Vidigal plongeant sur la mer. A l’arrivée au sommet, la vue est époustouflante. A 180° en partant de la gauche, on peut admirer le Corcovado, Lagoa, le haut du Pain de Sucre et la plage d’Ipanema. Difficile de départager cette vue avec celle du Corcovado !




Avant de rejoindre le bord de mer, nous ferons une pause-déjeuner dans la Guest House Mirante do Arvrao sur le haut de la favela Vidigal. Celle-ci dispose d’une terrasse extraordinaire avec vue sur la plage d’Ipanema. Elle propose des chambres de grand confort avec une décoration digne des hôtels branchés parisiens. La cuisine traditionnelle et sa caïpirinha maracuja ne sont pas mal non plus. Tout le monde semble y trouver son compte, le restaurateur comme le convive.






En redescendant dans les venelles nous croisons beaucoup d’habitants accueillants et souriants. Plus bas, nous retrouvons des petits commerces et boutiques d’artisans à même la rue. Ici à gauche un petit bar avec un billard y prenant toute la place ; un peu plus loin un garagiste officiant sur le trottoir avec en guise d’atelier un établi avec des outils et pièces de rechange parfaitement ordonnancés ; à droite une épicerie devant laquelle jouent des enfants avec un ballon de foot crevé. Rien ne manque et même si les câbles électriques aériens sont un peu embrouillés, la favela développe une propre économie avec ses propres services publics. Toutes ces activités se déroulent sous le regard des policiers parfaitement intégrés à la population. Néanmoins lourdement armés, ils sont surtout présents pour éviter le retour des narco-traficants, et sécuriser la présence des touristes de plus en plus nombreux.





Je regrette juste de ne pouvoir témoigner de tout ça par l’image, car en plus de ne plus avoir d’appareil photo, la batterie de mon téléphone m’a lâché en arrivant à la Guest House… Je compte néanmoins sur mes compagnons pour m’envoyer leurs photos, car pour moi, Rio c’est fini ! Demain je repars sur Paris par l’avion de 16 heures.
Balade dans une favela étonnante !