JOUR 2 > FJORD DICKSON
- Eric Poulhe
- 1 août 2015
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 avr. 2020
Le départ se fait à l’embarcadère du port juste avant l’aéroport, en tenue de kayak avec les combinaisons étanches qui nous tiennent trop chaud sur le quai, mais qui seront bien appréciables au milieu du fjord. La traversée du fjord est un peu mouvementée avec le bateau qui tape très fort les vagues de près d’un mètre, et le vent qui s’est levé. Bien agrippés à l’arceau du siège frontal, nous sommes secoués dans tous les sens, arrosés par les embruns et fouettés par le vent. Je comprends mieux, maintenant, les consignes de sécurité que le pilote nous a dictées avec tant d’insistance. Elles me paraissaient pourtant exagérées un quart d’heure plus tôt, quand nous nous trouvions à quai au calme avec ce grand soleil.

La dépose se fait sur la côte Est du Fjord Dickson dans un lieu désertique aux allures de canyon américain. Il fait beau et nous profitons, depuis un léger promontoire, d’une vue imprenable sur la Citadelle et le Mont Lykta dont le sommet ressemble un peu à un bouchon de Champagne.


En redescendant vers les kayaks, nous voyons un piège traditionnel à renards encore utilisé par les chasseurs locaux. Les pièges sont de deux sortes, avec des mâchoires métalliques, ou par écrasement. Le piège traditionnel par écrasement, est constitué d’une palette en bois, lestée de trente à quarante kilos de pierres, qui écrase la proie, quand celle-ci fait basculer le frêle morceau de bois vertical qui tient la palette en équilibre instable.

J’embarque à bord du kayak double avec Rule qui pagaie à l’avant avec une bonne maîtrise technique. En ce qui me concerne, je me trouve à l’arrière du kayak en charge du gouvernail et donc du choix des trajectoires. Les filles sont chacune dans un kayak monoplace et se débrouillent également très bien.




Nous partons en direction du Sud pour une première heure de navigation. Nous débarquons pour le déjeuner sur une grève à proximité d’une cabane de chasseurs. Je testerai pour la première fois de ma vie la nourriture déshydratée en sachet. Cette expérience peu concluante, sera fatale à mon estomac. Pas assez d’eau ! Un temps de mijotage trop court !






Après avoir longé la côte par un grand soleil, nous traversons le fjord au plus court, et rencontrons quelques vagues de trois-quarts dos que nous pourrons surfer malgré le poids du kayak. Rule sera tout heureux de ces sensations de glisse qu’il n’a pas l’habitude d’avoir à bord de ses deux kayaks de mer qu’il utilise sur un plan d’eau calme.



A l’arrivée au bivouac vers vingt heures, je ne me sens pas bien, et vomit. Pendant ce temps, Rule démontre, à l’arrivée au camp, tous ses talents de boy-scout. Il se charge de la collecte de bois et sans complexe, reviendra avec un poteau de six mètres en équilibre sur son épaule, qu’il tronçonnera en plusieurs morceaux de taille raisonnable. La réserve de bois sera largement suffisante pour alimenter le feu toute la nuit.


Je ne pourrai rien avaler au dîner, et me contenterai de boire un thé bien chaud. Allant un peu mieux, j’assurerai quand même le premier tour de garde de deux heures, et profiterai ensuite d’un sommeil ininterrompu de huit heures jusqu’au lendemain.
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