JOUR 6 > FJORD NORD : GLACIERS SVEA ET WAHLENBERG
- Eric Poulhe
- 5 août 2015
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 avr. 2020
Après une nuit finalement très calme, nous partirons assez tôt pour naviguer au milieu des icebergs face au glacier Svea. À l’approche du front, la température a considérablement baissé, légèrement au-dessus de zéro. Pour la première fois nous naviguons sur une eau glacée en surface, dont nous devons pousser les plaques de glace avec la pointe des kayaks pour nous faire notre chemin. On a le sentiment d’être un peu des aventuriers explorateurs…











Après le glacier Svea, nous prenons la direction du glacier Wahlenberg tout proche où nous déjeunerons. Ce glacier est différent des précédents. Descendant par gravité assez vite, il n’a pas le temps de s’évaser sur toute la largeur de la vallée. Nous accostons sur son flanc à la limite de la glace et de la roche.








La petite balade à pied nous permet d’observer le front du glacier en coupe avec, en partie inférieure les moraines brunes que le glacier a raclé en descendant la pente, et sur la partie supérieure la glace avec des formes blanches anguleuses. À l’arrivée sur la mer, le front du glacier est en pleine transformation avec des blocs de glace volumineux qui se décrochent dans un vacarme assourdissant. Assez proche du front, nous pourrons voir à plusieurs reprises, des morceaux de glace, plongeant dans l’eau en créant une vague qui vient s’échouer après plusieurs minutes sur la grève où nous avons posé nos kayaks, heureusement suffisamment haut.







Ayant bien profité du spectacle, nous repartons en direction de Bohemanfly, une zone de pure toundra, sur laquelle il est prévu d’établir notre campement. Le temps s’est dégradé avec un vent qui s’est levé, et des vagues de travers qui ralentissent notre progression.
Puis l’inattendu arrive.
Lors d’une pause, Jessica qui a pris l’habitude de scruter l’horizon avec ses jumelles à chaque arrêt, aperçoit à environ huit-cents mètres une tâche blanche qui semble bouger. Malgré les doutes initiaux de Calle, il s’avère que c’est bien un ours polaire ! Il est allongé lascivement sur le dos les pattes en l’air, et semble apprécier la douceur de son tapis de mousse. En fait il se situe tout près du site où était prévu le bivouac. La place étant occupée, il nous faut, se mettre à distance de sécurité, soit en retournant sur nos pas en direction du glacier, soit en dépassant l’ours pour un débarquement plus loin. Nous ferons sans trop hésiter le choix de pousser en avant, avec l’espoir de voir l’ours de plus près depuis la mer.
La côte étant légèrement courbe à cet endroit, nous pouvons nous en approcher à environ deux-cent mètres, mais pas plus à cause du monticule herbeux surplombant le rivage qui alors nous le cache. A notre approche, l’ours nous a repérés et se met debout sur ses pattes arrière pour mieux nous observer. Même loin, il est assez impressionnant. Il se remettra à quatre pattes pour nous surveiller encore quelques secondes, puis reprendra sa position horizontale favorite. Il a dû considérer que nous ne représentions aucun danger pour lui, ou peut-être que nous n’étions juste pas digne d’intérêt : trop loin, trop nombreux, trop maigres. Pas envie de faire un effort de natation pour un si maigre butin !
J’aurais voulu immortaliser l’instant avec la photo inoubliable, mais dans une houle et un clapot très prononcé, j’ai été incapable de prendre un cliché net à une distance de plus assez éloignée. Un peu déçu pour la photo manquée, je garde néanmoins l’image gravée dans ma mémoire. Celle-là ne sera jamais floue ni altérée pas le temps.

Nous laissons notre ami et accostons donc plus loin à proximité d’une rivière. Le rivage est parsemé de bois flottés poussés par les courants venant de Sibérie, que les chasseurs et trappeurs utilisent depuis des siècles, pour la construction des cabanes. En ce qui nous concerne, nous nous en servirons comme bois de chauffage.







Pendant mon tour de garde, j’aurai la visite d’un renard arctique bien intrigué par les kayaks aux couleurs vives. Peu craintif, je pourrai l’approcher de très près et faire des photos, qui contrairement à celles de l’ours, seront réussies et feront l’admiration de mes compagnons de route qui n’auront pas eu la chance de le voir.




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