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FESTIVAL DE LA GACILLY  
JARDIN BOTANIQUE 

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SACHA GOLDBERGER > ALIEN LOVE

 

Ancien directeur artistique dans la publicité, Sacha Goldberger reprend des études de photographie aux Gobelins en 2008 et change de carrière. Depuis, il crée de longues et ambitieuses séries photographiques pour lesquelles il met en œuvre des moyens logistiques et techniques dignes de productions cinématographiques. Pour l’une de ses dernières œuvres, métaphore d’une terre ravagée par ses habitants à la recherche d’une planète salvatrice, rassemblée dans l’ouvrage éponyme Alien Love, il a invité l’auteur et réalisateur Alexandre Jardin à écrire la préface qui résume les facéties de l’artiste :

« Les normaux m’effraient, ils tolèrent la réalité. La dinguerie de Sacha Goldberger m’apaise. Il conteste au réel le droit d’avoir le dernier mot. En apparence, Sacha est photographe. En vrai, il est contre la vie dépoétisée. Contre toutes les formes perfides de limitations. Contre l’impoésie. Contre la non-introduction de la liberté dans les champs visuels. Alors cela donne des photographies hallucinées qui ont le grain du réel, l’odeur des vrais motels, la nonchalance des véritables extra-terrestres en goguette. […] Pourquoi ça me touche le cœur ? Parce que j’asphyxie dans l’excès de réalité. Comme vous sans doute, je suis à la peine dans un monde qui refuse obstinément d’intégrer assez de poésie pour devenir respirable.

Alors, quand un athlète du beau se met en quatre pour gommer l’imbécile frontière songe-réalité, j’ai envie de l’embrasser. Quand il congédie la morneté du réel pour l’acoquiner avec le songe, je me dis que Goldberger est un bienfaisant, un de ces hommes qui soulagent les pauvres humains emprisonnés dans la platitude. Sa lumière murmure aussi que nous ne sommes pas obligés de subir celle du métro, du bar-tabac du coin ou de votre belle-mère qui assaisonne son intérieur de néons. On a le droit de se prélasser dans la beauté épatante, d’ondoyer dans la nostalgie radieuse des fifties. Voilà, c’est dit. Cet insoumis-né a raison de se poiler si joliment, de s’échapper du fade et prendre au sérieux Roswell ! Au diable les normaux et les obéissants ! ».

 

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CÁSSIO VASCONCELLOS > OVER

 

N’ayez pas peur, approchez-vous. Encore un peu plus près. Observez bien. Terrifiant n’est-ce pas ? Vertigineux, surtout. Mais comme sa précédente exposition Au-delà du réel avec sa série Collectives que nous vous avions présentée en 2020, cette gigantesque fresque réalisée par l’artiste Cássio Vasconcellos n’est pas réelle. Car, s’il a pendant longtemps produit un travail photojournalistique classique, il se démarque depuis plusieurs années par une démarche singulière. Il fait jouer de concert sa passion pour la photographie aérienne et son ambition de créer des œuvres qui sont toujours à la frontière entre la réalité et la fiction.

Celle-ci ne fait pas exception. Baptisée Over, elle est un montage de milliers d’images prises par le photographe lors de ses voyages au-dessus des décharges de São Paulo, mais aussi de cimetières d’avions aux États-Unis. Elle est l’aboutissement de son processus consistant à modifier le réel pour nous interpeller sur nos modes de consommation.

Chaque bout de carlingue, chaque voiture, chaque élément que vous voyez a été détouré à la main pour être ensuite assemblé avec les autres comme les pièces d’un immense puzzle. Un incroyable travail de fourmi puisqu’il a également fallu gérer la portée de chaque ombre par rapport à la position artificiellement choisie du soleil.

Ici, Over signifie « excès ». Excès de tout. Des objets que nous produisons, de nos déchets, du bruit, des proportions, de l’espace. Mais le titre représente aussi le survol, la vue du dessus. Cette œuvre, présentée pour la première fois en France ici à La Gacilly sur un tirage de 12 mètres de long, a déjà été exposée au Brésil en novembre 2022. Littéralement une prise de hauteur pour mieux prendre conscience des risques de la surproduction, de la surconsommation, et mieux protéger demain.

 

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PASCAL MAITRE > METROPOLIS

 

Selon les Nations unies, deux humains sur trois vivront dans une zone urbaine d’ici à 2050. D’après les mêmes experts, la planète comptera 43 villes de plus de 10 millions d’habitants – contre 23 aujourd’hui, en excluant les ensembles métropolitains plus larges. Sur le continent africain, quatre villes dépasseront ce seuil symbolique pour rejoindre les rangs du Caire, de Kinshasa et de Lagos.

La ville, futur de l’humanité ? Avec une démographie qui tutoiera bientôt les 10 milliards d’êtres humains, l’une des solutions pour s’adapter à la densification urbaine, tout en préservant les espaces naturels, se trouve dans la verticalité des habitats. Mais cette solution fait naître une kyrielle de problèmes : hygiène, pollution, emploi, surpopulation, transports, organisation de l’espace…

Aujourd’hui, les villes se sont développées partout sur le globe : dans les campagnes les plus propices à la vie comme dans ses recoins les plus inhospitaliers. Le Caire, plus grande zone urbaine d’Afrique, est aux portes d’un désert. La Rinconada, au Pérou, culmine avec ses 50 000 habitants à plus de 5 000 mètres d’altitude – plus haut que le Mont-Blanc.

Dans ses nombreux périples, Pascal Maitre a traversé ces villes. Figure incontournable du photojournalisme, en France comme à l’international, ce génie de la couleur et de la lumière a toujours su capter l’âme de ces cités qu’il explore à l’occasion de ses reportages dans les régions les plus reculées de la planète.

De la géante « Kin » à la mythique Kaboul, d’Agadez la ville des migrants à Memphis celle du blues et de la culture afro-américaine, de la chaleur caniculaire de Mogadiscio au blizzard de Norilsk, son regard transforme les villes en personnages à part entière

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SEBASTIÃO SALGADO > AMAZÔNIA

 

L'Amazonie a été surnommée pendant des siècles « l'enfer vert », jungle impénétrable et détrempée qui n'offrait au visiteur que des dangers. Ceux qui y ont survécu sont devenus célèbres à travers leurs récits. Mais de nombreuses expéditions, surtout celles qui espéraient trouver de l'or dans la mythique cité perdue d'Eldorado, ne sont jamais revenues. Aujourd'hui, la forêt pluviale bénéficie d'une image plus inoffensive, voire romantique, celle d'un « paradis vert », mais plus fréquemment d'un patrimoine naturel hors du commun, avec l'une des plus fortes concentrations de la planète en espèces botaniques, parmi lesquelles 16 000 essences d'arbres et d'innombrables plantes aux vertus médicinales remarquables.

En outre, cette densité végétale sans équivalent lui permet d'absorber les gaz à effet de serre et de rejeter de l'oxygène. Elle offre aussi un refuge traditionnellement sûr à des centaines de tribus indigènes dont certaines n'ont jamais eu de contact avec le monde extérieur. Séjourner dans cette forêt, surtout au sein de communautés autochtones, c'est la découvrir encore sous un autre jour. D'abord, la végétation est omniprésente dans le sous-bois : leurs branches s'entremêlent avec celles de leurs congénères et offrent dans les airs un terrain de jeu aux 15 espèces de singes qui peuplent la forêt.

Les tribus indigènes, qui ont un talent extraordinaire pour se déplacer dans le sous-bois, peuvent marcher plusieurs jours d'affilée et dormir en forêt pour rendre visite à des parents dans un village éloigné. Sur le fleuve Amazone, les bateaux font office de bus, mais pour remonter un affluent secondaire, il faut souvent emprunter une pirogue à moteur capable de franchir les rapides. Voyager à travers la forêt pluviale, c'est une aventure exaltante et un privilège, mais c'est aussi un défi, toujours.

 

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MAXIME RICHÉ > PARADISE

 

Nous sommes le 8 novembre 2018 dans le comté de Butte en Californie aux États-Unis. Camp Fire, l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de cet état américain détruit en dix-huit jours plus de 620 km2 de forêt et 13 500 maisons. La ville de Paradise, sur les contreforts de la Sierra Nevada, est entièrement ravagée par les flammes qui emportent 85 personnes et font 4 disparus parmi les 26 000 habitants.

Trois ans plus tard, le 13 juillet 2021, dans ce même comté, le mégafeu Dixie Fire se déclenche. Il faudra attendre 1 300 maisons détruites et un mort parmi les pompiers déployés pour que, fin septembre, ce brasier dont le bilan matériel s’élève à plus d’un milliard de dollars s’éteigne enfin.

Maxime Riché s’est rendu à plusieurs reprises dans ce comté maudit de Butte et dans les alentours de Paradise – ville qui porte aujourd’hui tristement son nom. Dans ce projet, le photographe français ne témoigne pas tant des incendies en tant que tels, mais plutôt de l’après. De ce qu’il se passe quand il faut que la vie reprenne – et elle reprend, toujours.

Avec un film infrarouge, il fait ressortir des couleurs vivaces qui rappellent le champ lexical visuel de l’embrasement. Et puis, surtout, il nous emmène à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui doivent, la peur du prochain feu au ventre, reconstruire un paradis brutalement transformé en enfer sur Terre.

Une exposition qui nous raconte autrement cet État de Californie où la sécheresse, causée à la fois par l’accélération du réchauffement climatique mais aussi par une gestion déplorable des ressources en eau, rend la saison des feux de forêts de plus en plus précoce. Les incendies sont plus fréquents, plus grands et plus spectaculaires. Un phénomène qui présage aussi de ce qui risque d’arriver partout dans le monde : comme Dixie Fire, les feux de Gironde, en France, ravageaient cet été 2022 les alentours de la Dune du Pilat.

 

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VEE SPEERS > MÉTAMORPHOSES

 

Karl Lagerfeld disait qu’elle parvenait à montrer la beauté là où la beauté était terriblement absente. Vee Speers est surtout l’une de ces photographes dont on reconnait une œuvre à 50 mètres. Née en Australie et vivant à Paris, elle s’est imposée depuis plusieurs décennies dans le monde de l’art avec des dizaines d’expositions à travers le monde et des œuvres acquises par certaines des collections publiques et privées les plus prestigieuses. Mais elle a aussi sa carte de membre dans le club très sélect des (très) grands portraitistes – un art souvent galvaudé, qu’elle manie avec un brio et une minutie mettant en orchestre un univers dont elle seule a la clef.

La sélection exposée, issue de quatre de ses précédentes séries, explore sa réflexion sur le corps féminin : son évolution, sa renaissance parfois, et surtout son rapport avec le monde naturel. La féminité n’est pas un thème nouveau chez Vee Speers qui, dès le début des années 2000, en faisait le fil rouge de son œuvre avec sa remarquable monographie Bordello - travail fondateur de sa grande carrière. D’un noir et blanc charbonneux où le flou composait et décomposait ses sujets, l’artiste a mué vers un autre style où des symboles intemporels forgent des histoires puissantes et évocatrices sur les femmes.

N’ayant jamais peur de repousser les limites, elle nous emmène dans un voyage émotionnel avec des portraits étroitement associés aux forces de la nature, au carrefour de la nostalgie et du contemporain ; avec ces teintes fanées, surannées presque, qui marquent le passage du temps comme une sorte d’illusion suspendue dans les souvenirs d’un événement dramatique. Un drame au milieu duquel l’espoir renaît, comme un phoenix de ses cendres. Comme des éternelles métamorphoses.

 

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