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FESTIVAL DU REGARD 
ESPACE 4 

 

ANDERS PETERSEN > STOCKHOLM & CAFÉ LEHMITZ

 

Anders Petersen a passé quatre ans, de 2015 à 2018, à photographier Stockholm, sa ville natale, documentant les espaces urbains et les habitants de la capitale suédoise. Ses photographies dévoilent un lieu dans toute sa multiplicité et nous montre une ville en pleine expansion, remplie de détails du quotidien et de célébrations. Des images de jeunes et de moins jeunes, des chutes de neige sur Katarinavägen, une parade de teckels à Gärdet, une salle d’opération à Danderyd, les célébrations du réveillon du Nouvel An devant l’arbre de Noël géant de Skeppsbron… S’inscrivant dans la tradition des photographes de Stockholm, c’est cependant la première fois qu’Anders Petersen fait la chronique de sa propre ville et s’y confronte photographiquement. On y retrouve la variété des situations photographiés : les comportements des humains isolés ou en groupe, les rencontres du quotidien – des objets, des animaux, des hommes -, ou encore les spectacles de la nature. En creux, le spectateur devine la position de l’artiste : celle d’un homme qui, doué d’une intarissable faculté d’étonnement, marque des temps d’arrêt et compose des images qui, chacune, transmettent une sensation de suspension, de flottement, suggère une interrogation, une intimité entre le sujet photographié et l’auteur. Stockholm est un travail unique sur notre époque, son agitation et ses espaces tranquilles, sa joie, sa tristesse et son amour. Ce travail sera projeté grâce la galerie Jean-Kenta Gauthier, au Festival du Regard. Réalisée entre 1967 et 1970, et publiée en 1978, la série Café Lehmitz a propulsé Anders Petersen sur la scène photographique internationale. Le chanteur américain Tom Waits en choisira même l’image de couverture pour illustrer son album « Rain Dogs ». Fasciné par le quartier rouge de la ville d’Hambourg, Anders Petersen a fait l’expérience de l’immersion totale dans un petit bar du port, le Café Lehmitz, pour observer les habitués, pour la plupart des travailleurs du quartier rouge avoisinant. Il le découvre en 1962, avant d’y revenir en 1967 pour tisser avec ses habitués le lien qui marquera son existence et définira sa pratique artistique. Conçu comme un huis-clos, « Café Lehmitz » est un chef-d’œuvre dans lequel l’auteur, s’immerge dans la vie du café, soucieux de maintenir avec ceux qui le fréquentent cette « proche distance » nécessaire à la bonne exécution du travail. Par une expression photographique au grain puissant et aux contrastes forts, il prend des portraits de la réalité ordinaire et quotidienne avec cette distance qui lui appartient, se tenant à la fois en dehors et en dedans du cadre. Spécialement pour cette édition du Festival du Regard, Anders Petersen et la galerie Jean-Kenta Gauthier se proposent de revisiter cette célèbre série du Café Lehmitz en présentant une sélection inédite de photographies, non publiées dans l’édition du livre « Café Lehmitz ».

 

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RUBÉN SALGADO ESCUDERO > SOLAR PORTRAITS

 

L’Agence internationale de l’énergie estime qu’environ 1,1 milliard de personnes dans le monde vivent sans accès à l’électricité. Plus de 95% d’entre elles se trouvent en Afrique subsaharienne ou en Asie en développement. Dans ces régions du monde, la quasi-totalité du travail rural est encore non mécanisé. Chères et dangereuses, les bougies restent l’unique source de lumière disponible quand la nuit vient… Comme la construction de l’infrastructure nécessaire pour raccorder les villages éloignés et ruraux au réseau électrique prendra encore beaucoup de temps, l’énergie solaire est la solution immédiate pour l’amélioration de la vie de millions d’habitants. De petits systèmes photovoltaïques (PV) peu coûteux, peuvent fournir aux ménages 12 heures de lumière pendant la nuit, leur permettant de faire plus, avec leurs heures d’éveil, sans coût supplémentaire. Au sens universel, le recours à l’énergie solaire peut considérablement réduire l’empreinte carbone de l’humanité sur la Terre. L’Agence de protection de l’environnement montre que la production d’énergie électrique est à l’origine de plus d’un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Rubén Salgado Escudero a voyagé dans nombreux pays du monde, dans le but de réaliser des portraits documentant la vie de personnes, dont beaucoup ont accès à l’électricité pour la première fois, grâce à l’énergie solaire. Les scènes photographiées ont toutes été éclairées uniquement par des ampoules à énergie solaire, les leurs pour la plupart. Solar Portraits n’est pas seulement un projet artistique, mais bénéficie du soutien d’une fondation et du statut d’organisme à but non lucratif (501(c)3) pour son initiative à impact social croissant. La série est devenue un outil éducatif, qui propose des ateliers et des programmes créatifs aux membres les plus jeunes des communautés documentées, faisant naître de réelles collaborations. Les élèves construisent une simple lampe solaire ou un projet d’art solaire, dans le but d’ouvrir la porte à de jeunes esprits brillants pour leur permettre de découvrir les thèmes de l’innovation en matière d’énergie solaire, de la citoyenneté mondiale et de l’autonomisation personnelle.

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PHILONG SOVAN > CITY NIGHT LIGHT

 

City Night Light marque l’achèvement de dix années de photographie par Philong Sovan, jeune photographe cambodgien talentueux, sur la vie nocturne dans son pays. Son travail débute en 2010 à Siem Reap. Proche des temples d’Angkor, la ville bat au rythme du tourisme pendant la journée. Le photographe se demande alors à quoi ressemble la cité une fois que les touristes sont endormis et que l’éclairage public inexistant la laisse dans l’ombre. De quartier en quartier, il circule inlassablement sur sa petite motocyclette, débusquant dans la lumière de son phare un monde qu’il ignorait. Sa quête s’étend bientôt à Phnom Penh. Dans une écriture photographique tout en couleurs denses et en cadrages précis, jouant avec les faibles lumières de l’activité humaine augmentées seulement de celles de son véhicule, il dresse de la vie urbaine cambodgienne un portrait dense et flottant à la fois, et plein d’étonnement pour les personnes dont il partage brièvement l’existence. « Malgré ses plus de deux millions d’habitants, la ville, en dehors des grands axes de ses boulevards transversaux et des quais où se regroupent bars et restaurants qui bénéficient d’un éclairage urbain relatif, est plongée dans le noir, chaque jour, après la tombée de la nuit, vers dix-huit heures. Pourtant l’activité ne cesse pas. Petits restaurants faiblement éclairés, couples d’amoureux, veilleurs de nuit, joueurs de cartes ou de Go, groupes d’amis buvant de l’alcool autour d’une table basse sur le trottoir, familles terminant leur dîner devant leur maison, enfants ramassant des cannettes vides qu’ils revendront, d’autres sniffant de la colle sur un banc non loin de quelques pochards qui n’ont pas réussi à rentrer, livreurs fonçant vers le marché de nuit aux légumes, artisans travaillant tard, petits groupes de jeunes juchés sur leurs deux roues, entre autres, s’offrent au regard de celui qui prend le temps d’aller à leur imprévisible rencontre en explorant les surprises de la ville. Le moyen de locomotion le plus courant au Cambodge est la petite moto. A Siem Reap, alors qu’il cherchait à définir comment il allait traiter de la nuit, Philong Sovan découvrit en sillonnant les rues que le phare de sa moto accrochait dans le noir des scènes qu’il ne soupçonnait pas. Il sut très vite que ces « apparitions » seraient son sujet. Et il décida d’éclairer avec le phare de sa moto ce qu’il voulait photographier. Avec humour, il se compare parfois au chasseur qui éblouit le lapin dans le faisceau lumineux, écrit Christian Caujolle qui a découvert le travail de Philong Sovan.

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LAURE VASCONI > MERRY CHRISTMAS - LOS ANGELES

 

Chaque fin d’année donne lieu aux États-Unis au même cérémonial. Les maisons et les jardins s’habillent de lumière et célèbrent Noël dans une féerie étincelante. Ce sont ces façades que la photographe Laure Vasconi portraiture lors de deux séjours, en 2001 et en 2011, dans sa série « Merry Christmas – Los Angeles ». Sa démarche résolument objective nous offre une étude de mœurs relevant autant du reportage que de la photographie plasticienne. Le décor si familier des banlieues stéréotypées n’est plus perceptible que par un univers irréel de points lumineux. À la limite de l’abstraction, ces constellations domestiques diffusent un sentiment d’étrangeté. « En 2001, nous confie-t-elle, le contexte dans lequel ont été prises ces images – c’était quelques mois après les attentats du 11 Septembre – renforce l’ambiance particulière que l’on peut ressentir, d’instabilité que l’on peut ressentir devant ces façades illuminées, mais aussi face à une culture qui à première vue est assez similaire à la nôtre, et qui se révèle sur bien des points, insondable ». A l’occasion d’une commande passée par le magazine Les Inrockuptibles, Laure Vasconi retourne à Los Angeles dix ans après. Heureux hasard, de nouveau à la période de Noël. Elle décide de reprendre la série démarrée en 2001 en moyen-format 6×7 et de conserver la même frontalité : « A nouveau j’étais transportée dans un autre monde, chaque maison rivalisait de décorations brillant de mille feux me donnant l’impression d’être dans un rêve éveillé… à mi-chemin entre les films de David Lynch et l’univers de Disneyland ». L’ensemble fera l’objet d’un carnet/cartes postales publié aux éditions Filigranes.

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KOHEI YOSHIYUKI > THE PARK

 

Afin de rendre hommage au photographe japonais Kohei Yoshiyoki décédé en début d’année, nous présentons une vingtaine de tirages de sa série mythique The Park, réalisée au début des années 70. Alors qu’il travaillait comme photographe de commande à Tokyo, Kohei Yoshiyuki s’est promené la nuit dans un parc public du quartier de Shinjuku et a découvert ce qui allait devenir le sujet de ce travail étrange et dérangeant qui l’a rendu célèbre : des couples en train de faire l’amour et les voyeurs qui les observent. Intitulée « The Park » (1971), ces photographies dans un noir et blanc brut et granuleux, représentent les voyeurs de dos : « Mon intention était de capturer ce qui se passait dans le parc, je n’étais donc pas un véritable voyeur, » explique-t-il. « Ce qui m’a vraiment interpellé c’est la transformation radicale du parc et le contraste entre le jour et la nuit. Un lieu pour les familles la journée qui devient un terrain de jeu pour les couples et les voyeurs la nuit, c’est un autre monde ! Cela m’a pris six mois pour être accepté et considéré comme un membre de cette communauté. Pendant cette période, j’ai appris la technique pour approcher les couples. Je laissais aussi les mateurs jeter un œil à l’appareil que je gardais dans mon sac. J’avais besoin qu’ils ignorent mon matériel. Les voyeurs s’approchaient doucement dans le dos de l’homme et essayaient de donner l’impression à la femme que c’était son petit ami qui était en train de la toucher. Mais parfois, après avoir commencé à caresser le corps d’une femme, le voyeur devenait moins prudent et la situation s’emballait. Dans ce cas, il arrivait que l’homme surprenne le voyeur qui quittait alors immédiatement les lieux. Après avoir compris ce qui venait de leur arriver, les couples étaient choqués. J’ai utilisé une pellicule infrarouge haute vitesse et un flash stroboscopique additionnel avec un filtre de couleur rouge foncé. Dans le parc, nous étions dans l’obscurité totale et je n’étais pas capable de bien voir. Je devais évaluer les angles de prises de vue et les distances dans le noir, beaucoup de clichés ont été pris sans regarder dans le viseur. J’ai d’abord publié une partie de ce travail dans un hebdomadaire japonais en 1972. J’ai eu l’occasion de faire une exposition en 1979. Entre-temps, j’avais appris l’existence un autre parc dans lequel se retrouvaient des homosexuels. Je les ai photographiés en 1979 pour ajouter ces images à la série et finaliser le livre. Je ne suis pas retourné dans le parc après avoir publié ces photos, donc je ne sais pas ce qu’il s’y passe en ce moment la nuit. Mais aujourd’hui ce ne serait sans doute pas possible de prendre les mêmes clichés, les gens feraient peut-être plus attention. »

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