FESTIVAL DU REGARD
ANCIENNE POSTE DE CERGY – ZONE 11-15
JEN DAVIS > « ELEVEN YEARS [ONZE ANS] » ET « STEPHEN AND I [STEPHEN ET MOI] »
À l’âge de 23 ans, la photographe Jen Davis, qui a toujours souffert d’obésité, entame une quête sur sa propre image. Onze années durant, elle réalise des autoportraits d’une troublante beauté. Parfaitement composés, ils s’inspirent de la peinture hollandaise des XVIIe et XVIIIe siècles où l’obsession de la lumière rime avec une apparente simplicité.
Photographier un corps imparfait apparaît comme un moyen de questionner les normes sociales : avec un air de défi, Jen Davis affronte le regard du spectateur. Petit à petit, la scène photographique devient un espace à dimension fantasmatique. Jen Davis compose des situations intimes avec des hommes qu’elle a rencontrés, qui ont éveillé son désir mais n’y ont pas répondu. C’est l’acceptation progressive de cette vulnérabilité qui suscite l’empathie. Elle vaut de façon générale pour toutes les personnes confrontées à la difficile représentation de leur propre corps : « En définitive, mon travail parle de l’inconfort de chacun avec soi-même. » En 2014, paraît le livre « Eleven Years » aux éditions Textuel, Jen Davis pense avoir tourné la page et s’intéresse à d’autres corps que le sien, celui de femmes bodybuildées dont l’objectif est d’atteindre la perfection dans leur apparence physique : « En enquêtant sur les culturistes, j’ai rencontré un homme du nom de Stephen, qui allait devenir ma première relation amoureuse sérieuse. Nous avons rompu en 2020. J’ai commencé à photographier nos moments partagés en tant que couple et Stephen comme un sujet de désir, mon désir personnel. La série intitulée « Stephen and I », série d’autoportraits réalisée durant six ans, est autant une célébration de l’amour qu’un rappel de ce qui manquait tant à ma vie - la proximité d’un lien émotionnel et physique qui se manifeste dans les photographies. La crainte est que ces images puissent sembler sentimentales, mais je crois qu’il y a quelque chose de plus profond ici, même si cette série agit comme un témoignage du temps, des réflexions sur le passé et des espoirs pour l’avenir. En d’autres termes, il s’agit d’une méditation sur l’amour, la nostalgie et les peines de cœur. En réalisant ces images, je garde toujours cette vision critique de moi-même - en évoquant mon corps changeant et en considérant les insécurités de l’âge et les peurs associées à la solitude. »
Sélection
Eleven Years Fantasy No 1 # États-Unis - 2004
Eleven Years Untitled No 11 # États-Unis - 2005
Stephen and I Untitled No 62 # États-Unis - 2015
Eleven Years Fantasy No 1 # États-Unis - 2004
Commentaire ♥♥♥♥♥
KOURTNEY ROY > ENTER AS FICTION [ENTRER COMME FICTION]
« Fascinée par la création d’une mythologie tragique du soi » écrit Patrick Remy, « Kourtney Roy imagine un univers intime où se côtoie merveilleux et mystère. Avec son écriture photographique, les lieux et espaces sont des sources d’inspiration dont la poétique souligne la banalité et le quotidien. Ses études de photographie à l’Emily Carr University of Art and Design de Vancouver et à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris lui permettent de forger une esthétique léchée, qui imprègne parfaitement le papier glacé. Affectionnant l’autoportrait et le postiche, Kourtney Roy se met en scène, le plus souvent seule, dans un rapport au monde aussi décalé que fantasmé. Les personnages qu’elle incarne sont tristes et impassibles, figés dans une existence ordinaire qui semble se faire l’écho d’une époque passée. Grandes étendues fantômes, décors cinématographiques, artifices de la culture populaire sont autant de réminiscences qui hantent ces images délectables. Un monde vernissé qui craquelle sous les accès d’autodérision chers à la photographe. Empreintes d’un charme noir qui doit aussi bien au grotesque de situations faussement tranquilles qu’à leur tension trouble... »
Sélection
Enter as Fiction [Entrer comme fiction] # États-Unis
Enter as Fiction [Entrer comme fiction] # États-Unis
Enter as Fiction [Entrer comme fiction] # États-Unis
Enter as Fiction [Entrer comme fiction] # États-Unis
Commentaire ♥♥♥♥♥
MARC RIBOUD & CATHERINE CHAINE > CLÉMENCE
Marc Riboud n’est pas pour ainsi dire un photographe de l’intime... Longtemps membre de la célèbre agence Magnum, ce globe-trotter qui a parcouru le monde s’est fait plus connaître pour ses photographies réalisées en Chine entre 1957 et les années 80, ses images de l’indépendance de l’Algérie en 1961 que pour ses photos de famille... Et pourtant le voici au programme de cette édition, accompagné des textes de son épouse Catherine. Surprenant ? Pas tant que ça... Au Festival du Regard, nous aimons partir d’une envie ou d’une rencontre. Ici c’est une rencontre littéraire tout d’abord avec le livre « J’aime avoir peur avec toi » paru en 2004, aux éditions du Seuil. Un texte courageux et sincère qui nous a frappé au cœur où l’épouse de Marc Riboud raconte sans détour la souffrance d’être la mère d’une enfant handicapée. Nous avons donc voulu associer les textes francs de Catherine Chaine (son nom de jeune fille et d’auteure) aux photographies de Marc Riboud pour raconter cette histoire. Et lui laisser la parole.
Sélection
Clémence Clémence passait ses après-midis dans la piscine avec quatre ou cinq amies du village # France - 1989
Clémence Clémence endormie # Paris, France - 1992
Clémence Clémence dans le train, songeuse après l’enterrement d’un oncle # France - 2002
Clémence Clémence passait ses après-midis dans la piscine avec quatre ou cinq amies du village # France - 1989
Commentaire ♥♥♥♥♥
ALBERTO GARCÍA-ALIX > DE DONDE NE SE VUELVE [D’OÙ L’ON NE REVIENT PAS]
Alberto García-Alix l'un des plus grands photographes espagnols, est une figure clé de l'avant-garde créative des années 1970 à 1986 qui, à Madrid, a contribué à évincer les avatars de la dictature franquiste et de ses quarante années de censure et de silence muselé. Poète, rocker et matador anarchiste dans l'Espagne post-franquiste, Alberto García-Alix puise son inspiration dans son entourage immédiat. À travers les photos d'Alberto García-Alix, nous nous immergeons dans un récit qui traverse son quotidien, façonnant un discours vital dont la photographie est le cœur.
Les photos avec lesquelles ce récit intitulé « De donde no se vuelve » (d'où l'on ne revient pas) proviennent de différentes étapes de sa vie, dans un va-et-vient entre le présent et le passé : « La photographie a en elle-même quelque chose d'infernal ; je veux dire : d'où l'on ne revient pas. En lui tenant la main, nous passons de l'autre côté de la vie. Et là, piégés dans son monde d'ombres et de lumières, n'étant que présence, nous vivons aussi. Immuable. Nos peines oubliées, nos péchés rachetés. Enfin apprivoisé ; figé. De l'autre côté de la vie. D'où il n'y a pas de retour. »
Il s'agit d'une exposition vivante qui bat au rythme de la vision que l'artiste a de son propre travail, complétée par l'œuvre audiovisuelle "De donde no se vuelve", d'une durée de 40 minutes, réalisée, scénarisée et racontée par lui-même, dans laquelle il entreprend un voyage dans sa mémoire, afin de déchiffrer son univers photographique particulier.
Sélection
De donde no se vuelve [D'où l'on ne revient pas] Una mujer triste [Une femme triste] # Espagne
De donde no se vuelve [D'où l'on ne revient pas] Ana Curra esperando mis besos [Ana Curra attendant mes baisers] # Espagne - 1984
De donde no se vuelve [D'où l'on ne revient pas] Autorretrato, buscando a xila [Autoportrait, à la recherche de xila] # Espagne - 2006
De donde no se vuelve [D'où l'on ne revient pas] Una mujer triste [Une femme triste] # Espagne
Commentaire ♥♥♥♥♥