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FESTIVAL DE LA GACILLY 
JARDIN BOTANIQUE

 

ERIK JOHANSSON > EN TROMPE L’ŒIL

 

« Je veux créer des photos qui obligent le spectateur à s’arrêter quelques secondes pour comprendre où est la ruse. » Plus vous regarderez de près les photos d’Erik Johansson, moins vous les comprendrez. Quand il découvre la photographie à l’âge de 15 ans, l’artiste imagine rapidement un principe qui influencera toute sa carrière. Lorsque, pour beaucoup de photographes, le processus créatif s’arrête après avoir appuyé sur le déclencheur, c’est pourtant là où tout commence pour ce passionné d’art et de dessin.

Sa technique ? Combiner plusieurs images n’ayant rien à voir les unes avec les autres pour créer des tableaux surréalistes, voire loufoques, avec, pour lien entre les œuvres, cette conscience environnementale. « Je préfère capturer une idée plutôt qu’un moment », aime préciser ce Suédois de 36 ans. Virtuose de la post-production, Johansson manie les outils numériques comme le chirurgien son scalpel. Ses talents de retoucheur font même l’objet de conférences entières où le maquilleur professionnel expose pas à pas ses astuces et ses méthodes. « Il faut créer un puzzle de réalité », détaille le photographe. « Il faut se demander ce qui crée une illusion. Ensuite, on assemble différentes pièces pour créer des réalités alternées. » Certaines règles sous-tendent son processus : il faut que les images possèdent la même perspective, la même lumière, le même contraste. « Il faut rendre la lecture de l’image finale le plus compliqué possible », conclut Erik Johansson. « Il faut que le spectateur ne puisse pas trouver où commence la photo originale. » Comme un bon tour de magie.

 

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PENTTI SAMMALLAHTI > ICI, AU LOIN

 

Les photos de Pentti Sammallahti sont des bijoux. Non seulement parce que ses images contemplatives sont nourries de poésie, mais aussi parce que le photographe finlandais est un tireur virtuose. Chez lui, le noir et blanc n’est jamais une simple polarité sans relief, où les noirs sont étouffants et les blancs aveuglants. Bien au contraire : ici, les nuances de gris forment une palette d’infinies couleurs éclatantes avec lesquelles il compose ses clichés.

Celui qui s’impose aujourd’hui comme l’un des grands maîtres vivants du noir et blanc est surtout connu pour son exceptionnel travail sur les paysages de sa terre natale – où la simplissime beauté épurée vient tutoyer la splendeur des estampes japonaises. Mais c’est ici toute la diversité de son travail qui est présentée. Une sélection d’images où son empathie constitue toujours le cœur de l’œuvre, qu’il se concentre sur des animaux ou des êtres humains. Des photographies à la grammaire et au vocabulaire universel dont l’humour et l’humanité s’adressent à toutes les générations.

Né à Helsinki dans une famille d’artisans avec un père orfèvre, Sammallahti est également le petit-fils d’une photographe d’origine suédoise, Hildur Larsson. Deux héritages familiaux qui expliquent à la fois son œil unique, enrichi par une culture photographique sans pareil, ainsi que par son amour minutieux du détail et du raffinement. Un talent qui ne se laisse enfermer dans aucun genre, aucun style, aucun format. L’auteur s’affranchit de toutes les barrières pour s’approprier la photographie comme un ensemble ; un outil au service de son imagination et de sa profonde sensibilité.

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RAGNAR AXELSSON > L’HOMME ET L’HIVER

 

Pour Ragnar Axelsson, l’hiver n’arrive pas ; l’hiver a toujours été là. Celui qui se fait connaître par le surnom de « Rax » naît en Islande un mois de mars 1958 – en hiver, ça ne s’invente pas. Une vie placée sous le signe du givre, du blizzard et du Piterak, ce vent catabatique qui dévale la calotte polaire arctique et hurle sur les steppes glacées du Groenland et de l’Islande. Ce même vent qui balaye incessamment les photos d’Axelsson. Ce monde blanc, sublime et hostile, il en a fait son royaume photographique. Pendant plus de trente ans, il s’est échiné à documenter tous les aspects de ces terres gelées où ces peuples des grands froids vivent en harmonie avec la faune.

Son travail sur les chiens de traîneau, exemplaire, souligne comment l’extinction potentielle de l’animal mythique menace la survie du mode de vie traditionnel des Inuits, vieux de 4 000 ans. Avec une maîtrise du noir et blanc sans pareil, qu’il utilise non pas comme une facilité esthétique mais comme une grammaire photographique dédiée à la narration de ses reportages, « Rax » immortalise aussi bien la gueule d’un chien-loup mordu par la neige que le visage creusé par le vent d’un chasseur errant sur une plage de Dyrhólaey balayée par les rafales et les vagues.

Photojournaliste pour le quotidien islandais Morgunblaðið depuis 1976, Axelsson alterne ses projets au long cours avec des reportages plus ponctuels pour son journal. Il poursuit actuellement une grande série sur les huit pays de l’Arctique à l’heure où les effets du réchauffement climatique sont de plus en plus dévastateurs. Un voyage photographique au bout du froid.

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TINE POPPE > VARIATIONS VÉGÉTALES

 

L’année 2020 aura peut-être confiné le corps de Tine Poppe, mais certainement pas sa force créatrice. Restreinte dans ses déplacements par les mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, la photographe norvégienne s’est lancée dans un essai photographique particulier : celui de collecter des bouquets de fleurs qui s’apprêtaient à être jetés. « Visiblement fanées, drainées et négligées, les imperfections de chaque fleur révélaient une histoire, un caractère, une expression qui provoquaient un sentiment d’empathie. » Cette série, Precious, vient compléter d’autres projets de cette artiste récompensée par de nombreux prix et exposée dans plusieurs collections.

Avec Psychedelic Perceptions, l’autrice organisait aussi sa réflexion autour du végétal, mais comme un hommage aux étés de l’amour des années 1960, moment culminant de la culture hippie et du psychédélique. Célébrant l’anniversaire de l’expression « flower power » inventée par le poète Allen Ginsberg, cette série tente de regarder les mauvaises herbes et les fleurs sauvages du point de vue d’une fourmi.

Dans Rearrange, elle explore des paysages urbains mais aussi forestiers, baignés dans des atmosphères brumeuses et oniriques. C’est avec l’une de ces images que l’exposition débute. Un sentier sillonnant l’herbe fraîche et serpentant entre des arbres majestueux. Le début d’un périple photographique à travers trois essais qui nous font redécouvrir la manière que nous avons de regarder la nature, comme différentes gammes de musiques. Comme des variations végétales.

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SANNA KANNISTO > VOL AU-DESSUS D’UN STUDIO

 

Pour réaliser ses portraits d’oiseaux, Sanna Kannisto a voyagé de la Finlande jusqu’au lac Baïkal en Russie, en passant par l’Amérique du Sud et même l’Italie. Impossible de le deviner en regardant ces images où les volatiles posent devant un invariable fond blanc ; comme des illustrations d’ouvrages scientifiques du XVIe siècle, ou des peintures auxquelles on aurait amputé leur arrière-plan. Et pour cause, toutes ces photographies ont été prises en studio : une installation portative que Kannisto emporte avec elle dans toutes les stations d’observation ornithologique où elle se rend. Elle y fait poser ces oiseaux, préalablement capturés par des professionnels, pour une brève session de portrait. Les animaux sont nourris et abreuvés avant d’être rapidement relâchés dans la nature.

Ce travail à la croisée des chemins entre la photographie et l’observation scientifique – presque darwinienne – révèle ces oiseaux sous un jour nouveau et inattendu. Chaque photo s’accompagne, comme toute revue scientifique qui se doit, de la désignation en latin de l’espèce photographiée. Mais en les extrayant de leur habitat naturel, l’objectif les capture et nous les soumet sans aucune autre distraction que la beauté de leurs plumages, les sublimes détails de leur anatomie et les formes infinies de leur bec.

Des œuvres que Sanna Kannisto a pu exposer bien en dehors des frontières de sa Finlande natale : dans les plus prestigieuses galeries américaines mais aussi dans des collections de musées consacrées à la photographie ou plus largement à l’art contemporain. Preuve de l’immense richesse composite de ses images.

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TIINA ITKONEN > ENTRE CIEL ET GLACE

 

C’est avec la passion pour les peuples indigènes de l’Arctique et leur culture chevillée au corps que Tiina Itkonen part pour le Groenland dans les années 1990. Elle y réalise l’une de ses toutes premières photos : le portrait d’une femme allongée, des pinces et des os de poisson accrochés à sa longue chevelure noire semblable aux vagues d’une mer calme. Ce n’est que le début d’une longue aventure.

Car depuis, Tiina Itkonen n’a jamais vraiment quitté le Groenland, la deuxième calotte glaciaire du globe après l’Antarctique. Au fil de ses voyages, la photographe apprend les rudiments du langage local pour pouvoir communiquer avec ses sujets. En 2004, après un troisième périple de deux mois sur place, elle publie son premier livre sur les Inughuit, une minorité inuit groenlandaise de la région de Thulé – un peuple nomade depuis plusieurs siècles mais qui a connu une sédentarisation progressive au cours du XXe siècle. Le long des côtes du Groenland, Tiina Itkonen sillonne ces terres glacées difficilement praticables : traineau, voilier, hélicoptère, avion, tanker… Tous les moyens sont bons pour relier les petits villages perdus au bout de la glace pour documenter le quotidien et les us et coutumes du peuple groenlandais.

Dans le sillage de ce travail qui lui vaut une reconnaissance internationale, la photographe poursuit encore ses projets autour de l’Arctique, en se concentrant un peu plus sur ces paysages changeant au gré du réchauffement climatique et de l’emprise de l’homme sur cette terre prise entre ciel et glace.

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