FESTIVAL DU REGARD
PARC FRANÇOIS MITTERRAND
EVGENIA ARBUGAEVA > TIKSI
Il était une fois en Sibérie, sur les bords de l’océan Arctique, une petite fille appelée Tanya. C’était le matin, mais il faisait nuit dehors. À Tiksi, tout au nord de la Russie, il fait nuit pendant des mois. C’est ce que l’on appelle la « nuit polaire ». Pour aller à l’école, Tanya devait affronter des températures comprises entre - 40° et - 10° et traverser la silencieuse forêt, appelée toundra, recouverte de neige avec, au-dessus de sa tête, le ballet des aurores boréales. En 2010, Evgenia Arbugaeva est retournée à Tiksi, son village natal. Elle y a rencontré Tanya, une fillette qui lui a fait penser à elle-même lorsqu’elle était petite. Elle l’a photographiée en s’inspirant des personnages de l’époque soviétique qu’elle a trouvés dans les livres pour enfants de la bibliothèque de Tanya : « Ces livres sont beaux et ont une signification profonde. Ils sont habilement mis en pages, les caractères sont clairs et lumineux. Leurs images transmettent un sentiment d’émerveillement et d’idéalisme naïf qui m’ont toujours captivée. La Sibérie est souvent représentée par les photographes occidentaux comme grise, maussade et déprimante. C’est une réalité, mais j’y vois d’autres choses. Je peux raconter des histoires à partir d’un point de vue différent, les gens peuvent vraiment être heureux à Tiksi et avoir leur propre univers. » Effectivement, on voyage dans les photographies d’Evgenia Arbugaeva comme dans un conte...
Sélection

Tiksi # Tiksi, Russie - 2010

Tiksi # Tiksi, Russie - 2010

Tiksi # Tiksi, Russie - 2010

Tiksi # Tiksi, Russie - 2010
Commentaire ♥♥♥♥♥
DAVIDE MONTELEONE > DE PYONGYANG À RASON
Plusieurs fois par mois, un train traverse la Corée du Nord au départ de Pyongyang, la capitale, jusqu’à la ville côtière de Rason, à la frontière de la Chine et de la Russie. Davide Monteleone l’a emprunté dans le but de photographier la vie quotidienne des habitants et les paysages, peu connus. Le trajet de Pyongyang à Rason donne l’occasion de découvrir une facette plus authentique du pays. Derrière la fenêtre du train, les paysages défilent : vallées et collines verdoyantes, forêts intactes, champs moissonnés, littoraux immaculés proches de l’état sauvage. Peu de bâtiments modernes viennent ponctuer cette vue. Les habitants travaillent la terre ou se déplacent en vélo. Quant au train, il reste rudimentaire, bien que gardé en état afin de répondre aux besoins des touristes. Fabriqué sur les modèles soviétiques des années soixante, il n’a pas beaucoup changé depuis cette époque. Somme toute, peu d’indices montrent que l’on est en 2018. Le tourisme reste une activité particulièrement contrôlée. Les voyageurs sont encadrés par les autorités qui leur dictent la marche à suivre tout au long du voyage. Isolés dans un wagon dédié aux étrangers, ils n’ont pas de contact avec la population nord-coréenne. À Rason, les passeports sont scrutés attentivement. Néanmoins, cette « zone économique spéciale », intrinsèquement liée à l’international par sa contiguïté avec la Russie et la Chine, fait figure d’exception. Y arriver rend aux voyageurs leur liberté de mouvement et leur ouvre ainsi la possibilité de se familiariser avec la population.
Sélection

De Pyongyang à Rason Vue du monument dédié au « Juche », idéologie officielle d urégime nors-coréen # Pyongyang, Corée du Nord - 2018

De Pyongyang à Rason Jeux de masse à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du pays # Pyongyang, Corée du Nord - 2018

De Pyongyang à Rason Un couple de mariés sur l’île de Pipha # Rason, Corée du Nord - 2018

De Pyongyang à Rason Vue du monument dédié au « Juche », idéologie officielle d urégime nors-coréen # Pyongyang, Corée du Nord - 2018
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ROBERT KLUBA > LE RIDEAU DE FER ENTRE LES DEUX ALLEMAGNES
Le rideau de fer, ce symbole de pouvoir politique de l’Union Soviétique, est devenu un projet européen de route cyclable pour voyageurs en quête d’inédit. La biodiversité a pu se développer et ce qu’il en reste est un bandeau vert qui traverse l’Europe. Du rideau de fer, on connaît surtout la section appelée mur de Berlin, beaucoup moins tout le reste de cette frontière fortifiée composée de lignes de barbelés, de champ de mines et surveillée par des miradors, qui séparait les pays européens de l’Ouest du bloc de l’Est. Le but de ces installations, érigées à l’initiative de Staline, était officiellement de « protéger les populations du camp socialiste de l’influence de l’impérialisme capitaliste et du fascisme » mais, concrètement, ils ont servi à empêcher la fuite des populations de l’Est vers l’Ouest. Cette curiosité, vestige de la guerre froide, attire maintenant les touristes et spécialement les cyclotouristes qui, en suivant le « Todesstreifen » (le couloir de la mort), découvrent les anciennes tours de garde de la Volksarmée, les dalles du « Kolonnenweg » et les gares qui servaient de passage entre l’Ouest et l’Est. Ayant grandi dans le quartier de Prenzlauer Berg à Berlin, le photographe Robert Kluba a vécu la chute du mur en direct et l’ouverture de l’Allemagne de l’Est. En photographiant les traces du rideau de fer, en suivant son parcours sur la partie allemande, il témoigne de la mutation de ces lieux trente ans après la fin du régime du pacte de Varsovie et nous fait aussi voyager au cœur de l’histoire contemporaine de l’Europe.
Sélection

Le rideau de fer entre les deux Allemagnes Point Alpha # Geisa, Allemagne - 2010

Le rideau de fer entre les deux Allemagnes Trabants # Gorsdorf, Allemagne - 2010

Le rideau de fer entre les deux Allemagnes # Allemagne - 2010

Le rideau de fer entre les deux Allemagnes Point Alpha # Geisa, Allemagne - 2010
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CÉDRIC DELSAUX > DARK LENS ORIGINS
Dark Lens, suite photographique de « non-lieux » urbains habités par les héros de la saga Star Wars, connaît depuis 2004 un succès mondial. Cédric Delsaux éprouve un vrai plaisir à tenir dans un même cadre le fantastique et le réel. Ainsi les paysages urbains de banlieue, avec leurs parkings à répétition et leurs zones de non-lieux, deviennent-ils, grâce aux personnages de Star Wars, les décors grandioses d’une histoire dont ils occupent enfin le centre. Le monde qui en découle, fourmillant de détails, est totalement vrai et pourtant absolument faux.
La fabrication de cette « mythologie de la banalité » donne une proximité et une réalité aux personnages cultes de toute une génération. Quant à Dark Corporation, il s’agit d’un univers à part entière. Si les vaisseaux et les personnages de Star Wars hantent toujours les lieux réels qu’il photographie – Paris, Dubaï, Marseille, Abu Dhabi... – Delsaux travaille cette fois avec une équipe complète (designer, graphistes 3D, retoucheurs) afin de repousser toujours plus loin la lisière entre vrai et faux ; au point que l’on en vient à se demander s’il existe encore la moindre frontière. Terminée donc la simple confrontation des débuts entre réel et science-fiction, désormais la Dark Corporation fait monde. Tout se passe comme si les personnages de la série s’étaient définitivement installés sur Terre, y apportant leur puissance immémoriale.
Sélection

Dark Lens Origins Two Sandtroopers [Deux Sandtroopers] # Paris, France - 2005

Dark Lens Origins Darth Vader # Paris, France - 2005

Dark Lens Origins Falcon's Route [La route du faucon] # Dubaï, Émirats Arabes Unis - 2009

Dark Lens Origins Two Sandtroopers [Deux Sandtroopers] # Paris, France - 2005
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RONAN GUILLOU > PARADIS HAWAÏ
Au cours de son étude photographique des États-Unis, initiée au début des années 2000, Ronan Guillou part en 2016 à Hawaï, cinquantième étoile du drapeau américain et unique État de l’Union séparé du continent. Située au milieu de l’océan Pacifique Nord, Hawaï est considérée comme le paradis sur terre, et pas seulement par les surfeurs. « Welcome to Paradise » est la formule qui accueille les visiteurs à leur arrivée à l’aéroport d’Honolulu, capitale de l’archipel volcanique constitué de cent trente-sept îles. Dès son premier séjour, le photographe découvre que les repères de l’Amérique continentale et ses références iconiques sont bouleversées. Il note aussi le brassage ethnique et culturel de la population, héritage des vagues migratoires successives venant d’abord d’Asie, puis d’Occident. Les photographies de Ronan Guillou cherchent à traduire l’« Aloha spirit » : philosophie fondatrice des îles qui exprime bienveillance et compassion, célèbre la vie et la famille, l’amour et l’amitié. « Les Hawaïens sont chaleureux, généreux, spirituels et pacifiques. Ils sont aussi conscients de la beauté de leurs îles, soucieux de les préserver alors qu’elles sont confrontées à d’importants enjeux, notamment écologiques et culturels. » Du travail du photographe, Héloïse Conésa (conservatrice à la Bibliothèque nationale de France) écrit : « Possédant l’admirable capacité à vriller les surfaces de la normalité pour chercher dans le déjà-vu la part de mystère qui demeure, le photographe nous projette dans une forme de réalisme merveilleux où le mythe baroque du paradis tropical le dispute au goût des images fulgurantes et inattendues. »
Sélection

Paradis Hawaï Kawika Drummond # Hawaï, États-Unis - 2016

Paradis Hawaï # Hawaï, États-Unis - 2016

Paradis Hawaï # Hawaï, États-Unis - 2016

Paradis Hawaï Kawika Drummond # Hawaï, États-Unis - 2016
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