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FESTIVAL DU REGARD 

PARVIS DE LA PRÉFECTURE

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ARTHUR CRESTANI > BAD CITY DREAMS

 

Inde 2017. A Gurgaon, dans la banlieue de Delhi, promoteurs et publicitaires rivalisent d’audace pour convaincre la classe moyenne d’investir dans des complexes résidentiels à peine sortis de terre. Les publicités qui se dressent au bord des routes offrent des visions idylliques du futur urbain dans cette ville appelée « Millenium City », paradigme de l’Inde contemporaine, bâtie en moins de trente ans et entièrement sous la coupe du secteur privé. Luxe, calme et volupté composent la saveur du moment, la promesse d’une vie de rêve dans un espace protégé et privilégié, fait de loisirs et de détente. Cette utopie publicitaire n’est pourtant que le vernis qui dissimule les lacunes béantes d’une urbanisation incontrôlée. Les résidences aux noms italiens ou français comme « Monde de Provence » et « Casa Bella », bâties sur des terres agricoles, forment des vases clos, séparés des terrains vagues et des routes poussiéreuses par des portiques de sécurité. Les compagnies de gardiennage bâtissent des empires dans ces nouveaux territoires urbains, où les résidents redoutent un au-dehors périlleux où se croisent travailleurs migrants et paysans attendant de vendre leur terre au plus offrant. Après avoir numérisé des brochures collectées dans les salons immobiliers, Arthur Crestani - inspiré par la tradition indienne du photographe de foire - a imprimé les visuels publicitaires sur des bâches, devant lesquelles il a invité à poser hommes et femmes rencontrés aux bords des routes et dans les terrains vagues, ceux qui vivent et travaillent dans ces marges urbaines. Entre attraction et répulsion, ces portraits témoignent du trouble éprouvé à l’interface de la fiction publicitaire et de la réalité d’espaces marqués par un profond dénuement.

 

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PETER GRANSER > EL ALTO

 

En novembre 2015 le photographe allemand Peter Granser est envoyé par le célèbre magazine The New Yorker photographier les habitations conçues par Freddy Mamami Silvestre. Peu connu en France, Freddy Mamani Silvestre est un architecte bolivien autodidacte. Il n’a pas de bureau mais a construit depuis 2005, près de soixante immeubles à El Alto. Comme son nom l’indique, El Alto, est une des villes les plus hautes du monde, située à 4100 mètres d’altitude sur un plateau au-dessus de La Paz. Freddy Mamani Silvestre, fils de maçons, est d’origine aymara, un peuple amérindien de la région du lac Titicaca. L’architecte a voulu donner à la ville constituée de petites maisons grises, une identité Aymara visible. Ses immeubles appelés « cholets », mot composé dérivé de cholo (indien) et chalet, est une maison colorée aux motifs d’inspiration andine, de 6 ou 7 étages, d’une superficie atteignant 500 m2 abritant pistes de danse, magasins, salles de sport et au dernier étage des appartements tout confort. Ces constructions se parent aussi de lustres, moulures et détails luxueux rappelant certains châteaux Européens. L’essor de ces maisons originales coïncide avec l’arrivée au pouvoir du président Evo Morales en 2006, premier président indigène du pays qui a permis l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie indienne Aymara. Avec la hausse de son pouvoir d’achat, cette population s’est prise d’engouement pour les constructions résidentielles et commerciales de Mamani dont certaines peuvent se négocier jusqu’à un million de dollars. Kitsch et ostentatoires pour les uns, produit d’une revanche culturelle et sociale pour les autres, le photographe Peter Granser a dressé l’inventaire de ses habitations extraordinaires de manière frontale, sans prendre parti, laissant libre le spectateur de se faire sa propre idée.

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© 2017 Eric Poulhe Photographie

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