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FESTIVAL DU REGARD 

PARC FRANÇOIS MITTERRAND

FESTIVAL DU REGARD Site Parc Mitterrand.

 

MARIE-PIERRE DIETERLÉ > LA CITÉ GAGARINE

 

En France, dans la banlieue rouge du sud-est parisien, la Cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine va être détruite. Inaugurée en 1963 par le cosmonaute russe Youri Gagarine en personne qui y planta un arbre. Deux ans après son vol spatial, le premier homme envoyé dans l’espace recevait les honneurs de la foule en liesse et du premier secrétaire du parti communiste et député Maurice Thorez.

Marie-Pierre Dieterlé est venue l’année dernière aux lectures de portfolios du Festival du Regard nous montrer le travail mené avec les résidents de la Cité Gagarine pendant un atelier photographique durant une année entière. A sa manière elle a dressé un inventaire, rencontrant les habitants : Bintou, Yvette, Aicha, Yakhou…

Ces derniers témoins de la vie à Gagarine ont accepté de raconter ces années passées dans ces murs, de se remémorer l’entraide entre les voisins, le partage entre les communautés. Et alors que leurs cartons s’entassent dans des pièces vides, les derniers habitants de la cité évoquent aussi leurs sentiments mêlés. La joie et le soulagement d’un côté de quitter un immeuble déserté et dégradé, et la tristesse de devoir clore un chapitre de leur histoire.

Il y a de la mélancolie dans le travail photographique de Marie-Pierre Dieterlé. Il y a aussi une forme de douceur à capter les décors colorés, et l’empathie d’un regard qui fait poser ces personnes en dignité.

 

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YOHANNE LAMOULÈRE > FAUX-BOURGS

 

Marseille on l’aime ou on la déteste, la ville ne laisse personne indifférent. Curieusement tout le monde a un avis sur la cité phocéenne et encore plus sur les Quartiers Nord, même sans y avoir jamais mis les pieds. Pourtant qui connaît vraiment ces fameux Quartiers ? Qui sait comment les gens y vivent ? Depuis 2009, Yohanne Lamoulère brise ces représentations pour mieux les réinventer en compagnie de ceux qui l’habitent. En 2018, ses photographies ont été réunies dans un ouvrage, Faux-Bourgs, paru aux éditions Le Bec en l’Air. L’écrivain Bruno Le Dantec qui suit le parcours de la jeune photographe le décrit ainsi : « Faux bourgs est une sorte de portrait collectif qui ouvre l’horizon, qui donne à voir une cité invisible. Une ville niée, une ville sans nom. Une ville dont les édiles s’acharnent à avorter l’histoire Une fois épuisé l’essor colonial du port de Marseille, les ex-colonisés ont inventé d’autres échanges avec l’autre rive. Ajoutant une couche au mille-feuilles d’une réalité rarement assumée : Marseille vit et respire par ses habitants, par ses classes populaires, par ses étrangers. Ce fut l’âge d’or du bazar de Belsunce. Ni la chambre de commerce, ni la mairie n’ont su s’en réjouir. Pire, elles ont refoulé cette activité loin des yeux loin du cœur. Chômage de masse, ségrégation territoriale, spéculations… En réponse à l’abandon, les quartiers ont fait feu de tout bois : débrouille, solidarités informelles, petits trafics. Les autorités ont d’abord fermé les yeux, croyant acheter, en parallèle au tissu associatif et aux réseaux clientélaires des élus, une paix sociale à peu de frais. Mais le déni enfante des monstres. Les minots se font des films de fric et de sang. Les marchands de sommeil couchent leurs locataires sous les décombres. Avec des rues requalifiées et des gratte-ciel pleins de vide, des marinas et des casinos fantasmés, des usines à touristes et des musées, les élites vendent une ville qui n’existe pas. Pendant ce temps, pas à pas, cité par cité, parole sur parole, la vraie vie s’entête et se réinvente. C’est ce que montrent, en douce, les images de Yohanne Lamoulère ».

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PETER GRANSER > SUN CITY

 

Sun City (la ville du soleil) est la première ville fermée destinée exclusivement aux retraités. Ni école, ni enfants dans ces 40 kilomètres carrés où la moyenne d'âge des 40.000 habitants est de 75 ans. Condition pour y loger : avoir plus de 55 ans et un certain pouvoir d’achat. A majorité blanche et avec moins de 2% de pauvres, les habitants vivent entre eux sous la météo clémente de l’Arizona, au Sud-Est des Etats-Unis. Fondée au début des années 60 par l’entrepreneur Delbert E. Webb, Sun City connait un succès foudroyant. Concrètement, Sun City est une « unincorporated area » : elle ne dépend pas d'une autre municipalité. Elle est globalement, autogérée par ses habitants. La plupart des services collectifs sont assurés par des entreprises privées. Le personnel est principalement constitué de seniors-résidents, même si une partie, limitée, du personnel doit nécessairement être plus jeune. Les règles procèdent d'un ensemble de décisions de l'assemblée de copropriétaire, rassemblées dans un épais document qui précise les engagements, conditions et restrictions. Très détaillées, les interdictions portent sur la décoration, les heures et jours où la présence des enfants et petits-enfants peut être tolérée et les comportements à tenir (attention à ne pas trop s'embrasser !). La forme urbaine de Sun City est typique des zones périurbaines américaines, avec un assemblage de pavillons disposés autour d'infrastructures et d'équipements collectifs : golfs, centres commerciaux, hôpitaux, banques… La voirie, organisée de manière circulaire, confère un petit côté vaisseau spatial à la ville. L'ensemble est protégé par une enceinte, avec un accès très contrôlé. C’est dans ce contexte ultra-sécurisé que Peter Granser a réussi en 2002 à s’introduire et à photographier les mamies « pom-pomp girls » et les papis à bermudas, encore peu conscients de l’image qu’ils pouvaient renvoyer. Des images d’un bonheur factice impossibles à réaliser aujourd’hui...

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GIDEON MENDEL > PORTRAITS SUBMERGÉS

 

Gideon Mendel est un photographe engagé. Depuis douze ans, il a documenté des inondations dans treize pays, du Nigéria à Haïti, en passant par les Etats-Unis et l’Europe. Sans relâche et avec un seul objectif : éveiller les consciences aux risques du réchauffement climatique. Ce travail titanesque a donné lieu au projet « Un monde qui se noie » composé de quatre volets sur le thème des inondations dont « portraits submergés » que nous présentons au festival du Regard dans une scénographie originale, tirages flottant au-dessus du cours d’eau qui traverse le Parc François Mitterrand.

Cette série est constituée de portraits intimes en couleur des victimes des inondations. Mendel a démarré ce travail après un voyage au Royaume-Uni, puis en Inde pour photographier les dégâts causés par les inondations à quelques semaines d'intervalle. Il a été frappé par "par la vulnérabilité partagée de leurs victimes". Il décrit le projet comme "ma tentative de nous emmener au-delà des statistiques sans visage." Pour cela, Gideon Mendel est allé sur place, retrouver les gens qui avaient subi ces catastrophes et les photographié au Rolleiflex dans leur intérieur ou devant leur maison… comme si de rien n’était. Comme si l’inondation n’avait pas charrié la boue jusque dans leur lit, comme si leurs meubles - pour ceux qui en ont - n’avait pas été souillés par l’eau saumâtre, comme si les ordures et cadavres d’animaux morts n’avaient pas envahi leur salon… C’est ce décalage entre la pose conventionnelle et le contexte de catastrophe naturelle qui crée la tension, le trouble… Ces femmes et ces hommes désoeuvrés qui nous regardent droit dans les yeux nous interpellent et semblent nous dire : vous qui nous regardez, demain cela peut nous arriver, il faut agir pour que cela change avant qu’il ne soit trop tard. Message reçu ?

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NIKOS ZOMPOLAS > LUXEMBOURG, VOLUME DEUX

 

Situé en plein centre de l’Europe, le Grand-Duché du Luxembourg - 600 000 habitants, 2500 mètres carrés - est plus connu pour sa fiscalité attractive que pour son architecture ou sa façon de vivre. D’ailleurs que sait-on du Luxembourg hormis que son économie dynamique basée sur la finance en fait un des pays les plus prospères au monde ? Nikos Zompolas vit à Luxembourg depuis treize ans et interroge avec la photographie ce qui fait l’identité luxembourgeoise. Sans doute ses racines méditerranéennes lui permettent de garder une certaine distance avec le sujet. Il cadre calmement, sans chercher à épater le spectateur. Il déclenche à son rythme, dans un subtil mélange de précision et de nonchalance, d’humour et de géométrie. Il est rare de découvrir un style photographique à la fois sévère et drôle, documentaire et imaginaire. Ses photographies montrent à la fois la réalité et une idée décalée du réel. Loin d’une vision monolithique et monosémique, elles étonnent, intriguent, inquiètent, interrogent. Elles diffusent une petite musique obsédante. Il faut souvent écouter plusieurs fois une mélodie pour en saisir toutes les nuances. Et parfois ce sont les arrangements les plus simples qui se révèlent être les plus pertinents. Les instantanés saisis par Nikos sont des « œuvres » ouvertes qui permettent au spectateur d’exercer sa propre intelligence. Il ne faut pas chercher à comprendre vraiment ces photographies, ni à vouloir en dénicher un éventuel message, mais se laisser guider dans un voyage vaguement absurde et résolument rationnel.

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© 2017 Eric Poulhe Photographie

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