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JEANNE FRANK > PLANÈTE Z

Situé au numéro 27 de la rue Étienne-Dolet, à Saint-Ouen, l’Immeuble Mosaïque fait figure d’ovni. Sa forme pyramidale et son architecture balnéaire interpellent. Ce n’est pas un hasard si ses habitants le surnomment Planète Z. Cet ensemble de 129 logements HLM, construit dans les années 1970 par l’architecte Jacques Starkier, surplombe le Stade Bauer, où joue le mythique Red Star FC. Les terrasses et fenêtres de la partie nord de l’immeuble, aussi appelées « la quatrième tribune », offrent une vue imprenable sur le stade.

En 2015, la montée en Ligue 2 du club laisse les habitants de Planète Z orphelins, avec pour unique vue une pelouse synthétique grisonnante et des tribunes vides. Le retour à Bauer en 2017 est accueilli en grande pompe. Sylvie, 47 ans, habite Planète Z depuis 39 ans. Véritable aficionada, elle ne manquerait un match pour rien au monde. Le Red Star est une affaire de famille : son grand père et sa mère supportaient déjà le club à l’étoile rouge. Tous les soirs de matchs, Sylvie revêt son survêtement aux couleurs vertes du club - un modèle de 1992 - et scande des noms d’oiseaux à sa fenêtre.

Au 6e étage vit Jaelynne, 11 ans, avec sa mère Carole. Elles sont installées dans l’immeuble depuis deux ans. Jaelynne est en sixième au collège Joséphine Baker à Saint-Ouen. Elle pratique le judo. Sa soeur Wedleyne est étudiante en médecine et habite à Poitiers. Les deux jeunes supportrices rêvent de voir un match depuis les tribunes. En attendant, elles les regardent depuis la fenêtre de leur appartement sous le regard protecteur de leur mère.

Un étage en dessous, David, 44 ans, gardien d’immeuble, regarde les matchs avec son ami Sidi depuis son balcon. La Mairie de Saint-Ouen lui a fait plusieurs propositions de logement HLM avant qu’il accepte celui de Planète Z. Pour les deux hommes, le Red Star est une longue histoire. Sidi a lui-même joué avec le club de 6 à 18 ans. La montée récente en Ligue 2 prive une nouvelle fois les habitants de leur club pour plusieurs années. Le stade ne répond plus aux normes professionnelles et des travaux de grande envergure sont prévus jusqu’en 2023.

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