LA PHOTOGRAPHIE À TOUT PRIX
PRIX NIÉPCE
ANNE-LISE BROYER > JOURNAL DE L’ŒIL (LES GLOBES OCULAIRES)
Cette série, hommage à l’écrivain Georges Bataille, rend compte d’une écriture. L’enjeu est, selon la photographe, de « fabriquer non pas des images qui illustreraient une pensée mais plutôt de trouver des images propices à produire de la pensée. »
Recherchant avec cette œuvre une connexion sensible, Anne-Lise Broyer scande sa série de multiples apparitions du motif de l’œil, photographie parfois des objets étranges telle la sculpture surréaliste Le spectre du Gardinia de Marcel Jean, ou propose des mises en abyme signifiantes comme avec le manuscrit original d’Histoire de l’ail, conservé à la BnF, où Bataille débuta sa carrière de bibliothécaire.
Toutefois, elle s’attache encore davantage à saisir des lieux banals et des situations quotidiennes dont il revient au regardeur de déceler les affinités secrètes. L’entrelacement touffu des branches, les photographies de fleurs rehaussées à la mine graphite, les paysages de brume, l’œuf immaculé sur un sol craquelé, sont autant d’énigmes qui renvoient au caractère impénétrable de l’œuvre de Bataille.
Sélection
Journal de l'œil (Les Globes occulaires) # Madrid, Espagne, 2012
Journal de l'œil (Les Globes occulaires) # Volcan El Teide, Tenerife, Canaries, Espagne, 2011
Journal de l'œil (Les Globes occulaires) Monasterio de Piedra # Saragosse, Espagne, 2012
Journal de l'œil (Les Globes occulaires) # Madrid, Espagne, 2012
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ANNE-LISE BROYER > LA MALADIE DU SENS
Le titre, La maladie du sens, est emprunté à un ouvrage du poète Bernard Noël, proche de la photographe, dans lequel une femme parle de son mari, un écrivain, dont on comprend peu à peu qu’il s’agit de Stéphane Mallarmé.
Anne-Lise Broyer s’est emparée de ce récit adoptant tour à tour le point de vue du poète et de sa femme qui observe la pensée au travail, l’ajustement de la langue entre le son et les sens. Elle s’est imprégnée de l’univers mallarméen, fondé sur l’abandon de tout but de représentation au profit d’un art de l’analogie et de la suggestion. Cette série en noir et blanc de photographies argentiques, de gravures imprimées sur des tirages argentiques et de gravures tirées sur du papier photographique, convoquent objets, visages, paysages ou intérieurs, parfois familier de Mallarmé à l’instar de la localité de Valvins. Privilégiant une esthétique minimaliste, la photographe saisit la vie perçue dans ses moindres reliefs et dans son infime mouvement. À l’apparent dénuement des images répond le vertige de leur sens, parfois insoluble, complexe, comme l’époque que nous traversons, souvent perdue dans ses contradictions.
Sélection
La maladie du sens # Paris, France, 2024
La maladie du sens # Le Mesnil, France, 2024
La maladie du sens Le châle de Mallarmé # Valvins, France, 2024
La maladie du sens # Paris, France, 2024
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ANNE-LISE BROYER > EST-CE LÀ QUE L’ON HABITAIT ?
« Est-ce là que l’on habitait ? » est un voyage dans les mémoires intimes et politiques autour de la Méditerranée. La proposition de la photographe interroge l’esprit des lieux et en particulier la ruine non seulement comme vestige du passé mais aussi comme oracle face à un temps présent tourmenté. Véritable plongée aux sources méditerranéennes, ce travail encore en cours, se construit comme un chant, une élégie. Il tente de rendre visible la blessure de cette Mare Nostrum, fabrique un va et vient comme désastre et reconstruction et tente de retisser un imaginaire commun. Dialectique, mélancolique, poétique, l’œuvre d’Anne-Lise Broyer possède une puissance d’évocation singulière, une forme de quiétude intranquille, tant son travail dévoile sans excès et avec délicatesse l’effondrement du monde. Cette richesse et cette complexité ne sacrifie en rien à l’émotion et à la beauté : ces images faites de douceur, d’ombre, d’encre rejouent une histoire de cette mer dont les rivages portent l’empreinte.
Sélection
Est-ce-là que l'on habitait ? # Sidi Bou Saïd, Tunisie, 2024
Est-ce-là que l'on habitait ? # Beyrouth, Liban, 2022
Est-ce-là que l'on habitait ? # Tyr, Liban, 2022
Est-ce-là que l'on habitait ? # Sidi Bou Saïd, Tunisie, 2024
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ANNE-LISE BROYER > LE TEMPS EST CACHÉ DANS LES PLIS D’UNE FLEUR
La Normandie littéraire a profondément marqué Anne-Lise Broyer : la lecture de Flaubert – en premier lieu – puis de Sagan, Duras et enfin Proust... Aussi en arpentant le lieu mêle de ces premiers émois de lectrice, la photographe a fait revivre l’enfant qu’elle était, et également fait remonter le souvenir de sa lecture de L’été 80 de Marguerite Duras. Ces chroniques d’actualité furent rédigées par la romancière à l’invitation du journal Libération depuis l’appartement 105 de l’hôtel Les Roches Noires à Trouville, couvrant ainsi les grèves des chantiers de Gdansk, la mort du Shah d’Iran… De là, Duras observait aussi l’enfant aux yeux gris, la jeune monitrice de la colonie, le cerf-volant dans le ciel…
Traçant dans ce paysage à la douce mélancolie un fil imaginaire, Anne-Lise Broyer fait dialoguer les livres et les images entre elles, joue de leurs formats, jusqu’à proposer des tirages comme les pages d’un livre modulé par des silences. Elle restitue ainsi le pouvoir d’évocation de la littérature.
Sélection
Le temps est caché dans le pli des fleurs # Deauville, France, 2021
Le temps est caché dans le pli des fleurs # Deauville, France, 2021
Le temps est caché dans le pli des fleurs Les Roches Noires # Trouville-sur-Mer, France, 2021
Le temps est caché dans le pli des fleurs # Deauville, France, 2021
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