FESTIVAL L’HOMME ET LA MER
CÔTÉ TERRE
ALAIN P. MICHEL > LA PLAGE
La série d’images présentée se nomme tout simplement « La plage ». Elle a été réalisée à Narbonne-plage il y a quelques années. J’ai toujours eu une certaine fascination pour les lieux publics lorsqu’ils sont vides ou presque. Une forme de surréalisme se dégage de leurs infrastructures habituellement invisibilisées par l’intense activité s’y déroulant. Soudain dévoilée, mise à nu par l’absence, une forme de beauté étrange en émerge et révèle un monde caché aux symétries et usages incongrus. Sur une plage publique, cette sensation d’espace artificiel se confronte à la réalité d’espace naturel rendu à son origine. Cependant, les deux ne s’entrechoquent pas vraiment mais plutôt s’alimentent pour faire paraître encore plus étrangers les rares usagers s’y promenant.
J’ai tenté par cette série de rendre cette curieuse impression.
Sélection
La plage # Narbonne-Plage, France, 2009
La plage # Narbonne-Plage, France, 2009
La plage # Narbonne-Plage, France, 2009
La plage # Narbonne-Plage, France, 2009
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GUILLAUME HOLZER > LES NOMADES DE LA MER
Guillaume Holzer par son activité professionnelle a été amené à rencontrer l’humanité dans ce qu’elle a de multiple, complexe et primordial. Huit ans de vie avec les nomades des mers indonésiens, mais aussi des études d’économie, une activité professionnelle dans une ONG ne pouvaient que contribuer à forger une éthique du monde toute personnelle.
De ce premier travail photographique, Territoire Nomade, réalisé à la gomme bichromatée, il dit : « Le nomadisme symbolise la liberté physique et intellectuelle, le processus de libération des contraintes territoriales ou idéologiques. Il représente une résistance à l’enracinement et une ouverture à la fluidité et à la transformation ».
Les peuples indonésiens de l’archipel de Komodo vivant de leur nomadisme maritime fait de pêche et d’échanges perdent peu à peu leurs espaces de vie, de travail. Les fonds sont détruits, le réchauffement climatique a des impacts certains, la modernité aussi. La territorialité s’appauvrit, la culture ancestrale aussi au profit d’une culture mondiale et globalisée. Cette série témoigne pourtant de quelque chose qui est hors du temps. Les gestes sont répétés depuis des centaines d’années, les lieux vécus de même. Et si la modernité transparaît dans les vêtements par exemple, elle n’est qu’adaptative, nécessaire mais pas superflue.
Sélection
Les nomades de la mer 8°31’ S, 119°44’E, dans l’archipel de Komodo # Pasir Putih, Archipel de Komodo, Indonésie
Les nomades de la mer 8°31’ S, 119°44’E, dans l’archipel de Komodo # Pasir Putih, Archipel de Komodo, Indonésie
Les nomades de la mer 8°31’ S, 119°44’E, dans l’archipel de Komodo # Pasir Putih, Archipel de Komodo, Indonésie
Les nomades de la mer 8°31’ S, 119°44’E, dans l’archipel de Komodo # Pasir Putih, Archipel de Komodo, Indonésie
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EDUARDO LEAL > LES AÇORIENNES DE LA MER
Le rôle des femmes dans la pêche aux Açores s’est toujours limité au soutien qu’elles apportaient à terre, que ce soit dans la préparation des appâts et des filets ou dans le travail de nettoyage et de vente du poisson. Ce travail s’effectue dans la maison ou le garage, des espaces où elles peuvent le concilier avec le travail domestique, leur « véritable métier » dans une société encore patriarcale. Malgré leur présence et l’importance qu’elles occupent dans le secteur, ces pêcheuses ne sont pas considérées comme des femmes de la mer. Cette activité a toujours été réservée aux hommes, la mer étant un lieu où seuls des hommes durs, forts et courageux peuvent travailler. L’idée selon laquelle les femmes n’ont pas leur place en mer perdure aujourd’hui.
Selon l’étude réalisée sur les pêcheuses des Açores (UMAR-Açores) en 2008, sur les 153 femmes qui travaillaient alors dans la pêche extractive, seules 12 travaillaient en mer. Aujourd’hui, il n’y a plus que 4 pêcheuses aux Açores, peut-être les dernières. Les mentalités, le manque d’opportunité et les problèmes socio-économiques font que les femmes ne vont plus à la pêche.
Cette série veut montrer que les femmes savent effectuer ces travaux. Elle veut aussi rendre hommage à ces pêcheuses qui font face à la mer et brisent les barrières sociales.
Sélection
Les Açoriennes de la Mer Au retour de la pêche, Eugénia tire le bateau Sereia do Mar pour le mettre à sec. # Port de Sao Caetano, île de Pico, Açores, Portugal, 2022
Les Açoriennes de la Mer Sara se repose au retour d'une journée de pêche. # Île de Sao Miguel, Açores, Portugal, 2022
Les Açoriennes de la Mer Lídia et Sara tirent les filets. # Île de Sao Miguel, Açores, Portugal, 2022
Les Açoriennes de la Mer Au retour de la pêche, Eugénia tire le bateau Sereia do Mar pour le mettre à sec. # Port de Sao Caetano, île de Pico, Açores, Portugal, 2022
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CHRISTIAN BARBÉ > LES CHINEURS DES MERS
La « plage-poubelle », comme l’ont baptisée les habitants d’Accra (Ghana), est jonchée de détritus rejetés par la mer. Comme on chercherait de l’or, des enfants fouillent les vagues prometteuses des plages ghanéennes. Des déchets informatiques, plastiques ou métalliques sont récupérés par des petites mains. Un va-et-vient incessant entre le ressac des vagues lourdement chargées et la collecte des chineurs s’installe.
Sur une des photos, comme devant un bureau à ciel ouvert, un enfant pianote sur un clavier d’ordinateur récupéré. Je ne peux m’empêcher de penser à son propriétaire d’origine. Pouvait-il imaginer un instant que son clavier traverserait les océans pour finir entre les mains d’un enfant sur une plage de sable blanc du golfe de Guinée ?
Sélection
Les chineurs des mers # Accra, Ghana, 2023
Les chineurs des mers # Accra, Ghana, 2023
Les chineurs des mers # Accra, Ghana, 2023
Les chineurs des mers # Accra, Ghana, 2023
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MARINE DANAUX > CORNICHE REBELLE
Giovanni, Dylan, Kevin, Noé et les autres se connaissent… Les jeunes plongeurs marseillais de la corniche Kennedy sautent derrière l’arrêt de bus, ou sur le gros rocher depuis des années dès le mois de mai. Ils s’approprient ce lieu interdit par la police, et interdit depuis 2016, pour en faire leur lieu de liberté et de rituels adolescents. Chacun se challenge, enchaînant des figures simples ou complexes, sautant des calanques hautes de de 5 à 14 mètres. Ils ont entre 12 et 20 ans et viennent de tout Marseille, des cités tout autant que des quartiers voisins. Tous se mettent au défi d’être immortels, entre peur et courage. Ils y expriment leur identité en se mettant en danger, toujours avec joie, séduction, envols, et débats suspendu.
Sélection
Corniche rebelle # Corniche Kennedy, Marseille, 2022
Corniche rebelle # Corniche Kennedy, Marseille, 2022
Corniche rebelle # Corniche Kennedy, Marseille, 2022
Corniche rebelle # Corniche Kennedy, Marseille, 2022
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DOMINIQUE ROBELIN > LES FEMMES DU SABLE
« Elles ont les pieds dans l’eau, le visage offert aux embruns de l’océan, se dressant telles des guerrières ».
Sur l’île de Santiago, à Ribeira da Barca, petit village de pêcheurs, en fin de journée, les femmes se rassemblent pour chanter leur vague à l’âme au rythme du Batuku, un style musical, à la fois chant et danse, héritage de l’esclavage.
Sur la plage de sable noir, mères et filles luttent quotidiennement pour gagner de quoi subsister en ramassant le sable, souvent au détriment de leur santé. Une pratique illégale qui sert à alimenter le marché de la construction. Elles mènent un ballet incessant entre la mer et la plage, portant de lourdes charges en tentant d’éviter de se faire balayer par les vagues. Au début, le sable était collecté sur la plage. Mais au fur et à mesure de leur progression, elles ont dû faire appel aux hommes pour collecter le sable plus loin, sur le fond de la mer à l’aide de pelles.
Sélection
Les femmes du sable # Ribeira da Barca, île de Santiago, Cap Vert, années 2010
Les femmes du sable # Ribeira da Barca, île de Santiago, Cap Vert, années 2010
Les femmes du sable # Ribeira da Barca, île de Santiago, Cap Vert, années 2010
Les femmes du sable # Ribeira da Barca, île de Santiago, Cap Vert, années 2010
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NICOLAS CAMOISSON > DERNIER VOYAGE À ROCHEBONNE
L’année 2023 a été marquée par la célébration du bicentenaire de la lentille de Fresnel. À cette occasion, plusieurs commandes m’ont été adressées. J’ai souhaité avant tout rendre hommage au monde de la mer, à ces hommes qui œuvrent nuit et jour pour assurer la maintenance des phares et balises, tout en mettant en valeur le patrimoine architectural précieux que sont les lentilles de Fresnel. Proches de nos côtes, on dénombre 3300 bouées et balises qui nécessitent une maintenance régulière à cause de la corrosion engendrée par le sel marin.
Une première mission sur le chenal vers Bordeaux à bord du baliseur Gascogne m’a permis de découvrir leur métier. Équipé de la tête au pied, bien visible par tout l’équipage pour répondre aux normes de sécurité, j’ai été impressionné par la difficulté des manœuvres et les risques encourus. Après ces deux journées, l’équipage m’a proposé de les accompagner sur le plateau de Rochebonne, un haut-fond entre 3 et 5 mètres à environ 30 milles des côtes des Sables d’Olonne. J’ai alors été un témoin privilégié de ce qui allait être la dernière mission du Gascogne, fidèle compagnon des Phares et Balises du Verdon-sur-Mer depuis 20 ans. Le Gascogne a été vendu aux enchères, au Port de la Palice, le 18 octobre 2023.
Sélection
Dernier voyage à Rochebonne Remontée d'une balise # Golfe de Gascogne, France, 2023
Remontée d'une balise. Des contrepoids sont installés pour maintenir la balise à la verticale. # Golfe de Gascogne, France, 2023
Dernier voyage à Rochebonne Balise sud-est du plateau de Rochebonne. # Golfe de Gascogne, France, 2023
Dernier voyage à Rochebonne Remontée d'une balise # Golfe de Gascogne, France, 2023
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